L’ouvrage de E. Cecil McGavin reste l’étude la plus connue dans l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours aux Etats-Unis, par son sérieux et sa documentation rigoureuse. Ce livre a été publié par Bookcraft Publishers à Salt Lake City en 1956.
Dans le monde francophone, cet ouvrage est quasi-inconnu, pourtant il demeure une œuvre fondamentale pour mieux comprendre les relations qui eurent lieu entre les Saints et les Francs-Maçons dans les années 1840 et au-delà. Depuis d’autres livres, toujours en Anglais ont été publié, comme l’excellente étude du Pr. Clyde R. Forsberg Jr. « Equal Rites, the book of Mormon, Masonry ; Gender, and American Culture » publié chez Columbia University Press » en 2004 et qui apporte de nouveaux éléments fort importants et appuyés toujours sur des documents que tout un chacun peut retrouver soit du côté de l’Eglise, soit du côté Maçonnique. L’auteur Clyde R. Forsberg Jr. est également membre de l’Eglise. Enfin tout récemment, en Octobre 2008 vient d’être édité chez Deseretbook un ouvrage qui s’intitule « Masons and Latter Day Saints » qui se place pour sa part entre les recherches des deux autres livres dont vous venons de parler.
Le sujet passionne, et il est passionnant, et il n’est pas exempt de «passions » également des deux côtés : Mormon et Maçon. Il est d’usage depuis un certain temps, surtout en Europe, de mêler la Maçonnerie aux combinaisons secrètes et à l’Ordre des Néhors dans le Livre de Mormon. Pourtant c’est une erreur manifeste, du probablement à un amalgame assez facile du à la culture latine provenant paradoxalement de la Grande Apostasie. En effet, le Livre de Mormon stigmatise ainsi les médisances et les comploteurs, conformément à l’enseignement biblique. Car la médisance est pire que le crime, et les Néhors sont en effet les maîtres combinaisons secrètes, c’est-à-dire des complots. Or comme le public des Saints cultivé le sait, la Maçonnerie n’a jamais été un ordre de « comploteurs » sauf dans l’imagination débridé de certains catholiques (que l’ont qualifieraient d’intégristes de nos jours) du XIX e s. qui étaient par ailleurs de fervents anti-mormons (une étude serait à faire sur l’influence de certains prélats auprès de l’Empereur Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie sur sa décision d’empêcher l’implantation de l’Eglise mormone en France sous son règne, l’épisode malheureux de la rencontre du Frère L.A. Bertrand avec l’Empereur est dans toutes les mémoires.) Le mythe de la Révolution Française ourdie par les loges maçonniques vient d’un pamphlet écrit par un prélat de l’Eglise romaine qui s’appelait l’Abbé Barruel de sinistre mémoire. Ce livre basé sur un véritable délire de haine est responsable de l’image négative de la franc-maçonnerie en France et dans certains autres pays. Il faut savoir que la Maçonnerie comptait dans ses rangs de fervents monarchistes légitimistes comme par exemple Hans Axel de Fersen, qui défendra la Reine Marie-Antoinette jusqu’au bout, ou encore le futur chef Vendéen Monsieur de Charrette. Des éléments que peu de gens connaissent, et qui démontre que la Maçonnerie comme toutes les autres sociétés de son époque a été balayée par la Révolution, (la Maçonnerie a été interdite en 1793 par la Convention, jugée justement comme « monarchiste ») avant de pouvoir s’en remettre quelques décennies plus tard.
Tout cela démontre l’inanité de ces « étiquettes » que l’on place sur le dos de l’Ordre maçonnique, quelquefois, par ignorance plutôt que par méchanceté. La Franc-Maçonnerie a dans ses principes fondateurs « les Constitutions d’Anderson » le respect des Institutions, des Eglises et l’interdiction formelle de comploter contre l’état, quel qu’il soit. Ce dernier principe lui a été d’ailleurs reproché par certains révolutionnaire marxistes, et l’a fait qualifié d’ordre « bourgeois au service du capitalisme » comme quoi, on passe d’un préjugé à un autre.
Curieusement les thèmes de l’anti-mormonisme sont frères de ceux de l’anti-maçonnerie, et ces deux derniers partages de graves préjugés avec l’antisémitisme. Par exemple, ont peut trouver dans des textes émanant de certaines associations religieuses à caractère sectaire, des documents qui vous explique que les Mormons visent le pouvoir mondial, idem pour les Maçon et bien sur idem pour les Juifs. Les minorités ont toujours été brocardés et ont fait l’objet de persécutions. Les Mormons, les Maçons et les Juifs en savent quelque chose, leur histoire ayant été constellé de persécutions. J’expose cela pour bien exposer le caractère faux de ces préjugés, et il est dommage de voir des Saints qui par ignorance, à leur tour, répandent ce genre de bruit, totalement infondé, basé sur une totale méconnaissance du dossier, et qui de surcroît, ignorent bien souvent que le Prophète Joseph fut un franc-maçon, avec bien d’autres personnalités de l’époque. Si le Prophète fut franc-maçon, c’est qu’il n’y trouvait rien à redire, bien au contraire, comme nous allons le voir.
Le livre de Frère E. Cecil MacGavin est une véritable perle, et il soulève des questions passionnantes et jamais en contradiction avec l’Evangile Rétabli où la Tradition Maçonnique. L’auteur a passé ses diplômes d’historien à l’Université de Brigham Young (BYU) en Utah, mais aussi à l’Université d’Utah. Il a été reconnu par le sérieux de ses travaux et récompensé par l’Université de Chicago, la Stanford University. Il a servi deux missions pour l’Eglise, dans l’Est des Etats-Unis, et en Californie. Il a donné au sein de l’Eglise de nombreuses conférences et il fut un orateur très apprécié.
Ces écrits ont touchés un large public de Saint et de non membre de l’Eglise aux Etats-Unis et dans les pays anglophones.
Il est également l’auteur de livres très connus dans l’Eglise aux Etats-Unis :
Nauvoo the Beautifull
Cumorah’s Gold Bible
The Mormon Pioneers
Geography of the Book of Mormon
Pour donner une image à ceux qui ne l’ont pas connu, E. Cecil McGavin est le Hugh Nibley des années 1950 pour l’Eglise, et sa spécialisation était donc les rapports entre l’Eglise et la Maçonnerie.
Signalons également que le Président Spencer W. Kimball en 1984 a rétabli des relations fraternelles entre l’Eglise et les Maçons. Et très récemment, l’Eglise a même donné un don pour restaurer le Temple Maçonnique de Salt Lake City qui est un chef d’œuvre sur le plan architectural.
Enfin, bien sur, les rapports sont bons entre les deux institutions, voir fraternels, mais ce sont deux éléments séparés et distincts, et il s’agit de relations amicales en vertu d’un passé historique où les Mormons et les Maçons se sont croisés, en un enrichissement commun fort important au point de vue humain et intellectuel.
Donc voici pour la première fois en langue française, des traductions du livre de Frère McGavin, qui permettront aux Saints et aux Maçons, ainsi qu’au grand public, d’avoir des éléments surs, concernant cette histoire totalement méconnue et fascinante à bien des égards. L’obstacle d’une langue est importante, car elle ferme l’accès à la culture, et je pense que nous devons maîtriser l’anglais, c’est très important afin de ne pas se fermer soi-même à des connaissances importantes, surtout provenant d’une Eglise qui a vu le jour sur le sol du Continent Américain conformément à d’antiques prophéties, partie du monde qui actuellement utilise l’Anglais comme langue majoritaire.
CITATIONS DU LIVRE « MORMONISM AND MASONRY » par E. Cecil McGavin :
Edward Tullidge avance une explication dans son livre sur la vie du Prophète, pour justifier l’intérêt de Joseph Smith à la Franc-Maçonnerie :
« Il comprit que la chaîne de la franc-maçonnerie est bel et bien la chaîne sans fin de la fraternité et de la prêtrise, qui créé tous les mondes, les paradis, les terres, mais il croyait que cette terre avait perdu beaucoup de sa signification, de sa lumière, de ses clés, de son esprit, sa perte principale étant celle de la révélation. Sa conception était que la maçonnerie sur terre devrait être en constante communion avec la franc-maçonnerie aux cieux, malgré les nations, les civilisations, les races, les religions et les législateurs de toutes sortes. »
(E. Tullidge, Life of Joseph the Prophet, p. 391).
Cette analyse, visant à tourner le prophète en dérision a tellement été répétée comme la vérité qu’elle a fini par être accepté comme la vérité… (La vérité est plus complexe que ces affirmations péremptoires de E. Tullidge.)
Les frères Mormons de Nauvoo, a courants des profonds sentiments fraternels de cette organisation (la Maçonnerie), ne pouvaient qu’être très intéressés par cela. Ils voyaient là un moyen de se faire des amis avec des gens prédominants, et ainsi d’éviter certaines persécutions violentes.
Il semblait à Joseph Smith que tous étaient contre lui et contre l’Eglise, alors que ce que cherchaient les membres plus que tout, c’était de vivre en paix et dans l’amitié. Il savait que si l’esprit de fraternité des francs-maçons était offert aux Mormons, ils échapperaient à cette persécution.
De plus, un grand nombre de Mormons étaient francs-maçons depuis des années, y compris Hyrum Smith, Newell K. Whitney, Heber C. Kimball, John C. Bennett, George Miller, Lucius N. Scovil, Elijah Fordham, John Smith, Austin Cowles, Noah Rogers et James Adams. Ces membres ont poussé Joseph Smith à rechercher le statut de membre franc-maçon pour lui-même et pour ses frères, afin d’en bénéficier pour obtenir la paix religieuse et la protection politique nécessaire.
Il est sûr qu’il n’y avait aucun motif sinistre qui incitait les Saints à s’intéresser au mouvement franc-maçon. Ils n’étaient pas venus là pour piller ni pour trahir, quoi que ce soit ou qui que ce soit. Ils voulaient simplement assurer leur quiétude et leur sécurité. Aujourd’hui encore, les Mormons n’ont rien contre les francs-maçons, mais il nous faut reconnaître que si les membres des loges de l’Illinois avaient manifesté à l’époque l’esprit de fraternité qui avait rendu leur ordre célèbre, eux, comme les Mormons, auraient pu bénéficier de ce bout de chemin parcouru ensemble fraternellement. (L’histoire de la Grande Loge d’Illinois est très complexe, elle fut fondée par le Mormon James Adams, mais des maçons protestants de cette Grande Loge furent très vindicatifs contre les Saints, cette Grande Loge fut d’ailleurs dénoncée par son manquement à la Fraternité par d’autres obédiences américaines à l’époque).