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 La Patente Morin

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Commandeur Adama
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MessageSujet: La Patente Morin   La Patente Morin I_icon_minitimeLun 25 Mai - 16:51

D’Estienne Morin au comte de Saint Laurent [1]
Introduction - LA PATENTE MORIN


La raison immédiate qui m’a incité à écrire le présent essai est que je suis parvenu récemment à redécouvrir le Livre d’Or du Comte de Saint Laurent dont une photocopie intégrale est maintenant en ma possession. Ce manuscrit contient des pièces du plus haut intérêt jusqu’ici inconnues ainsi qu’un document exceptionnel : le plus ancien exemplaire manuscrit existant et inédit de la Version Latine des Constitutions de 1786.

Ces Grandes Constitutions de 1786 sont, aujourd’hui encore, le texte auquel tous les Suprêmes Conseils du monde entier se réfèrent au début de leurs Constitutions particulières, bien que celles-ci aient très souvent modifié de nombreuses dispositions du texte originel.

Mon idée de départ avait été de me borner à examiner quelles furent les circonstances ayant accompagné l’apparition des Constitutions de l786 sous deux formes différentes, et quels en sont les manuscrits ou leurs reproductions aujourd’hui accessibles. Les inconvénients de ces limites me sont rapidement devenus évidents. Ces Constitutions n’étaient pas apparues subitement : elles répondaient, ou voulaient répondre, à une situation historique déterminée. Elles n’avaient pas non plus surgi sans avoir eu des prédécesseurs dont elles modifiaient les dispositions. Enfin elles étaient loin d’avoir fait l’unanimité chez les maçons en Amérique et en France au moment de leur apparition ce qui, dans un cas au moins (la lignée des créations de Cerneau), avait eu des conséquences durables.

Comprendre ce contexte impliquait le rappel d’aspects particuliers de l’histoire de la Maçonnerie comme celui de l’existence et des dispositions de textes réglementaires parfois peu connus. Pour espérer être intelligible, cet essai devait tenir compte de cette double constatation.

Il faut reconnaître qu’il n’est pas encore possible, en 1986, de se livrer à une description complète, exacte et documentairement fondée de l’histoire de la maçonnerie en Europe et en Amérique pour la période 1760-1840. Les raisons de cette situation singulière sont multiples. Certes, nombre de documents ont disparu, les acteurs des événements essentiels n’ont laissé que peu de traces écrites de leurs actions ou des motifs qui les guidèrent. Mais à ces causes que l’on pourrait qualifier de naturelles, s’ajoutent d’autres facteurs qui compliquent considérablement l’étude des événements de cette époque.

Lorsque certains manuscrits du siècle précédent furent transcrits au cours du XIXe siècle, ils furent loin de l’avoir été avec la rigueur nécessaire. Les modifications point toujours involontaires qui leur furent alors apportées, les rendent parfois peu fiables et toujours délicats à utiliser.

Les auteurs d’origine américaine qui s’attachèrent à étudier le développement exceptionnellement complexe de la maçonnerie dans leur pays, furent aussi confrontés au problème d’archives souvent rédigées en français qu’ils eurent certes le mérite incomparable de transcrire et de publier en partie. Mais probablement à cause de cette double difficulté, ils prétendirent trop souvent affirmer des faits nullement démontrés, établir une chronologie qui demeure parfois incertaine et, par naïveté, ignorance relative ou, à l’occasion, pour soutenir une thèse opportune, préférèrent parfois supprimer, arranger ou modifier plutôt que de tenir compte de l’existence de faits gênants ou inexplicables qui ne cadraient pas avec les arguments qu’ils souhaitaient établir ou perpétuer.

Leurs ouvrages sont rares par le nombre et la difficulté qu’il y a à se les procurer aujourd’hui. Les maçons européens qui sont parvenus à les consulter, utilisent cette manne (sans toujours en citer explicitement l’origine, ce qui complique l’étude critique de leurs écrits) en en reproduisant aveuglément certaines affirmations péremptoires. Répétées par de nouvelles générations d’historiens, elles finissent par prendre l’aspect trompeur de vérités établies. Il devient ainsi impossible de discerner le vrai du faux, l’exact de l’imaginaire.

Face à cette situation il fallait d’abord remonter aux sources, s’efforcer de réunir ce qui avait été écrit sur l’histoire du Rite, retrouver les documents utilisés par mes prédécesseurs lorsqu’ils avaient bien voulu les mentionner, en contrôler les transcriptions lorsque cela était encore possible, vérifier si les déductions qu’on en avait tirées étaient exactes. En résumé, distinguer les faits avérés, même s’ils allaient à l’encontre d’idées reçues ou de l’esprit partisan, du domaine — parfaitement licite, à condition d’être délimité avec clarté — de l’hypothèse.

Ces documents anciens, chartes de constitutions, patentes, lettres de créances, livres de procès-verbaux, leur libellé, les expressions littérales et chiffrées qu’ils contiennent sont souvent déconcertants. N’indiquant parfois leur date et le lieu de leur délivrance qu’au moyen de codes dont les historiens semblent avoir perdu les clefs, ils ne cessent de nous poser des questions embarrassantes. Leurs auteurs auraient-ils pu être parfois, des illuminés ou des contrefacteurs ? Cette question-là ne peut pas non plus être éludée. Elle revient souvent lorsqu’on se penche sur la genèse des hauts grades. Voilà pourquoi une fois le problème des faits, des preuves et des documents plus ou moins bien résolu à force de patience, c’est avec l’appréciation de la psychologie des maçons d’il y a un ou deux siècles que de nouvelles difficultés surgissent.

Il peut paraître singulier que les historiens membres d’un ordre initiatique n’hésitent guère à qualifier de faussaires ou de prévaricateurs les prédécesseurs dont ils se réclament. C’est pourtant ce qui arrive fréquemment. Il faut aussi ajouter le racisme de certains qui, soulignant au passage ou inventant bien souvent la religion ou les origines juives de tel propagateur ou de certains fondateurs de notre Rite, ajoutent délibérément dans le même souffle le montant des sommes perçues en échange des grades décernés. Du reste, les grades sont-ils conférés gratuitement aujourd’hui plus qu’hier ?

Au risque de paraître naïf et même de l’être, comme le furent probablement les Frères qui acceptèrent de bonne foi certaines légendes maçonniques présentées alors comme des faits historiques, n’est-il pas davantage conforme à l’esprit de notre Ordre de commencer par accorder notre confiance aux auteurs de documents qui, aux hommes de la fin du XXe siècle que nous sommes, ne paraissent souvent peu crédibles que parce que nous les comprenons mal ?

N’est-il pas plus fructueux de chercher à comprendre les mobiles qui poussèrent nos Frères d’alors à accepter, souvent à transmettre et dans certains cas à créer des légendes, certes, mais des légendes qui à leurs yeux avaient un fondement et une justification ?

Et si nous revenons à ces historiens maçons évoqués tout à l’heure qui de tout temps recopièrent sans vergogne et sans esprit critique ce que leurs prédécesseurs avaient découvert ou imaginé, ne doit-on pas les juger, ceux-là, avec bien moins d’indulgence que les premiers fondateurs du Rite au XVIIIe siècle ? Parmi eux, les auteurs contemporains ont certainement encore moins d’excuses car leurs moyens d’information et de contrôle sont incomparables. Ne font-ils pas la même chose, en pire, que les maçons qui en toute bonne foi perpétuaient alors la légende d’un Roi de Prusse, protecteur des hauts grades et auteur de leurs textes constitutionnels ?

Il existe enfin aujourd’hui, comme hier, des dirigeants se moquant de la recherche de la vérité comme d’une guigne, qui n’hésitent pas à censurer les travaux historiques lorsque ceux ci leur semblent pour des raisons diverses être gênants. Comment les qualifier fraternellement, ces maçons-là ?

La période que nous allons survoler commence en 1761 avec la délivrance de la Patente Morin à Paris, elle se termine en 1872 avec la publication par le Grand Commandeur Albert Pike des Constitutions Secrètes qui portent la même date que la Patente elle-même.

C’est ici qu’il convient d’indiquer la méthode que nous entendons appliquer face aux documents d’ordre réglementaire dont nous allons faire l’énumération. Trois dates différentes doivent être prises en considération pour chacun de ces textes :
– celle qu’ils portent, c’est-à-dire la date à laquelle ils auraient été rédigés,
– celle à laquelle fut effectuée la plus ancienne copie dont nous ayons connaissance,
– celle enfin à laquelle ils furent publiés pour la première fois.

Ces documents sont :
1. La Patente Morin
2. Les Constitutions de 1762
3. Les Textes Intermédiaires [2]
4. Les Constitutions de 1786
5. Les Constitutions Secrètes.

Le premier fut imprimé pour la première fois en 1812, les trois suivants en 1832, le dernier en 1872.

Aucun manuscrit original - ou se prétendant tel – de ces textes n’est parvenu jusqu’à nous. Je ne connais pas de copie manuscrite du document N° 5 antérieure à sa première publication. [3]

Face aux imprécisions des dates portées sur certaines copies manuscrites et aux modifications parfois radicales que ces copies apportèrent manifestement aux originaux et en tenant compte de l’indispensable réserve qui consiste à toujours prendre en considération la possibilité, sinon la certitude, que certains d’entre eux aient été rédigés à une date postérieure à celle que leur copie indique, il nous est apparu préférable de les étudier dans l’ordre chronologique de leur première parution imprimée. Cette date-là a au moins le mérite d’être un point de repère solide.

Si ces documents furent publiés à l’intérieur d’une période de soixante ans (1812-1872) les dates qu’ils portent s’échelonnent sur un quart de siècle seulement : de 1761 (Patente Morin) à 1786 (les Grandes Constitutions) en passant par les Constitutions Secrètes (1761), les Constitutions de 1762 et les Textes Intermédiaires (1763 pour trois d’entre eux, le quatrième n’en portant aucune dans ses versions connues aujourd’hui).

J’ai indiqué ailleurs [4] que les Constitutions de 1762 ne peuvent pas avoir été rédigées à cette date pour la simple raison suivante : elles reprennent parfois mot à mot le texte arrêté par les Commissaires nommés par la Grande Loge de France, un an plus tard, en 1763. Ma certitude est quasi absolue qu’il en va de même pour tous les textes subséquents : ils furent rédigés postérieurement à la date qu’ils portent.

Jusqu’à la redécouverte, au cours du XXe siècle, de lettres autographes d’Estienne Morin et à celle d’une décision de la Grande Loge de France prise en 1766, annulant « les pouvoirs précédemment donnés » à Morin et accordant un brevet d’Inspecteur au Frère P. F. Martin, l’existence même de la Patente Morin - en tout cas à la date de 1761 - fut parfois mise en doute par des auteurs sérieux, tel Begemann. Mais ces découvertes permettent aujourd’hui de confirmer les indications de Leblanc de Marconnay remontant à 1852 : Morin a bien reçu une Patente à Paris en 1761.
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MessageSujet: Re: La Patente Morin   La Patente Morin I_icon_minitimeLun 25 Mai - 16:52

La Patente Morin constitue le point de départ du nouveau Rite en 33 grades dont l’existence ne sera annoncée qu’en 1802 en Caroline du Sud.

Les différentes versions de ce texte contiennent toutes la disposition suivante : Morin recevait le « pouvoir d’établir dans toutes les parties du Monde la Parfaite et Sublime Maçonnerie », pouvoir dont il usera au-delà des limites, semble-t-il aujourd’hui, que les signataires de ce document auraient jamais pu imaginer : création de l’Ordre du Royal Secret (comme l’indique la Patente que Morin délivra en 1770 à Menessier de Boissy), rédaction d’un texte constitutionnel dont Morin (et peut-être Francken) décida d’attribuer la composition à neuf Commissaires imaginaires « nommés par le Grand Conseil des Sublimes Princes du Royal Secret au Grand Orient de France » [5] (Bordeaux ne sera interpolé que bien plus tard) fait « en Prusse et en France le 7 septembre 7762 », greffe de onze grades supplémentaires sur l’ancienne Maçonnerie de Perfection pour en faire un système en 25 degrés appelé (à tort) aujourd’hui le “Rite de Perfection”, l’œuvre organisatrice et créatrice de Morin fut considérable, ce dont on ne prend conscience que depuis peu.

Il reste entendu que Morin étant mort à la fin de 1771, sa responsabilité pour la transformation de son Ordre en 25 grades en un rite comprenant 33 grades supplémentaires, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, est naturellement nulle. Mais la date de son décès n’est connue que depuis une quinzaine d’années, grâce aux recherches du Frère Seal-Coon, et c’est ainsi que les Iimites de son oeuvre doivent être situées à l’intérieur de la décennie 1761-1771, tout en tenant compte naturellement de ce que lui doit la Maçonnerie de Perfection en quatorze grades pour l’époque 1745-1761, ce qui est un sujet différent.

Examinons pour commencer les textes de la Patente aujourd’hui connus.

Il n’existe probablement pas d’auteur depuis Thory qui, se penchant sur l’origine du Rite Ecossais Ancien et Accepté, n’ait cité, en tout ou en partie, un texte de cette Patente. Thory écrit en effet :
Nous possédons une pièce manuscrite très curieuse ... relative à l’introduction de la Maçonnerie de perfection dans l’Amérique ... nous l’avons donnée littéralement dans l’appendice à la suite de cet ouvrage. (nº 2)
Elle a été imprimée en 1812, dans un écrit intitulé : Extrait des Colonnes gravées dans Le souverain Chapitre écossais du rite ancien et accepté du Père de famille, Vallée d’Angers... [6]
On peut lire dans cette brochure de 43 pages qui reproduit les travaux de ce Chapitre à la date du 27 février 1812 :
Mais recourons au registre du G Insp député, le frère de Grasse-Tilly. Nous en avons une copie, et nous la mettons sous vos yeux. Il en existe en France plus de quarante autres [...] Suivant la pièce nº 1 de ce registre, le frère Stephen Morin donna le grade d’Inspect député à Franklin [sic !]. Mais, avant tout, disons par qui Stephen Morin fut lui-même autorisé à donner ce grade. Le 27 août 1762, il lui fut délivré à Paris une patente [...]
Ceci nous semble établir que la première version connue sous forme imprimée de la Patente Morin provint du Livre d’Or de Grasse-Tilly où les auteurs de l’Extrait des Colonnes la recopièrent.

Jusqu’à la parution en 1879 des Recherches sur le Rite Ecossais Ancien Accepté de Jean-Émile Daruty, c’est à cette version donnée par Thory (qui ne l’avait pas très fidèlement recopiée) que se réfèrent les auteurs. Mais Daruty avait eu l’idée de s’adresser au Grand Commandeur Albert Pike qui avait publié en 1872 son ouvrage célèbre, Ancient And Accepted Scottish Rite of Freemasonry à New York. Une partie de ce livre contenait son Historical Inquiry in Regard to the Grand Constitutions of 1786 dans laquelle se trouvait la traduction qu’avait effectuée Pike de la Patente Morin d’après le Livre d’Or de Delahogue, [7] alors dans les archives du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des Etats-Unis, Livre d’Or rédigé, indiquait Pike, en 1798 et 1799.

Nous devons à Daruty la transcription de la certification apposée par Pike sur le texte qu’il reçut de ce dernier de la Patente Morin, version Delahogue, certification où est indiqué que le Livre d’Or de ce dernier reçut des inscriptions entre le 20 juin 1798 et le 12 octobre 1799 et qu’y sont apposées les signatures de Delahogue et de Grasse-Tilly. [8]

Daruty publia alors le texte de la Patente Morin dans son ouvrage en indiquant clairement les différences existant entre la version Delahogue et celle que Thory avait publiée, et après lui Jouaust dans son Histoire du Grand Orient de France en 1865, mais il ne semble pas qu’il ait eu connaissance de la brochure d’Angers, sinon par les extraits qu’en avait reproduits Bésuchet dans son Précis Historique de la Franc-Maçonnerie en 1829. Les auteurs du XXe siècle se référèrent dès lors à Daruty, tels Lantoine, Choumitzky et Naudon, non sans apporter, comme leurs prédécesseurs, des “améliorations” au texte qu’ils disaient reproduire.

Il faut encore citer un auteur américain, William Homan, qui dans un petit livre remarquablement utile par les différents documents qu’il reproduit en fac-similé, The Ancient Accepted Rite of Freemasonry (1905), reproduit un texte de cette Patente d’après le Registre de J.J.J. Gourgas, certifié par ce dernier à New York.

La version Delahogue/Pike se termine par la certification suivante : [9]
certifié véritable et conforme traduction de l’original extraite des registres du Gd Inspr Gl H. I. Long et signé de lui et transmis par lui aux archives du Gd et Souvn Conseil des Princes Submes du Royal Secret, de Charleston, Caroline du Sud.

Adre Fçois Auguste de Grasse Gd Garde des Sceaux et Archives. J. Bte Mie De la hogue Dté Gd Inspr Gl et Pce Mon etc., etc., etc. Souvn Gd Commr du Gd Conseil.

La version Gourgas/Homan porte à la fin :
I certify the present Patent to be a true translation from the French of the one in my register. Grand East of New York, this 24th of November, 1808. [10]
Enfin l’attestation portée à la fin de la copie contenue dans le Livre d’ Or de Grasse-Tilly est la suivante :
Je soussigné Hyman Isaac Long Pce Mon Député Gd Inspectr genl etc etc etc certiffie que la lettre patente transcrite cy dessus et des autres parts accordée par la gde Loge et souvin Gd conseil des Subes Pces de la macie au Gd orient de france au T.P. et R.f. Stephen morin est conforme à l’original dont copie a été transmise par lui au Pce Mon Deputy Gd inspecteur Moses Cohen en L’Isle de la Jamaîque et pareillement a moy transmise par ce dernier a été fidèlement traduite et extraite de mon Registre en foy dequoi J’ay signé en présence des Ff. Delahogue, De grasse St Paul. Magnan et Robin aussi soussignés. [suivent six signatures]
André Doré reproduit avec quelques imprécisions cette dernière certification et tire argument du rapprochement des dates 1771 (mort de Morin) et 1784 (année de l’initiation de Moses Cohen à Philadelphie) pour qualifier de « grossière supercherie » le texte que nous venons de lire. [11] Bien que le libellé de ladite certification lui donne sans nul doute raison du point de vue formel, il me semble que Doré se place du point de vue de notre mentalité contemporaine lorsqu’il tire de cette expression une conclusion semblable.

Avant André Doré, Paul Naudon n’avait-il pas conclu au caractère « apocryphe » des Constitutions de 1762 en comparant cette dernière année avec celle de 1765, année de naissance de Grasse-Tilly, et en faisant remarquer que le texte qui en sera publié en 1832 dans le Recueil des Actes du Suprême Conseil de France indiquait à son début : « les présens règlemens et constitutions ... transmis à notre TIll F de Grasse Tilly » ! « Tout commentaire est superflu » écrit Naudon. Tout commentaire servant à mieux comprendre notre histoire maçonnique est bienvenu, pensons-nous.

Toujours est-il qu’en remontant aux sources, on s’aperçoit que les différentes “versions” de la Patente Morin proviennent bien évidemment du fait qu’elles remontent toutes au registre d’Hyman Isaac Long qui en contenait une traduction en langue anglaise provenant très vraisemblablement de la Jamaïque, de même que nous connaissons aujourd’hui les rituels de Morin dans la traduction anglaise qu’en effectua Francken dans ses manuscrits. Retraduite en français une première fois par Delahogue (ceci est une hypothèse) au moment où débute le Livre d’Or de Grasse-Tilly (septembre 1796) quoi d’étonnant à ce que cette traduction ait été revue par Delahogue lorsqu’il commencera son propre Livre d’Or, ce qui, comme nous le savons grâce à Pike et Daruty, se situe en juin 1798, près de deux ans plus tard ?

La version mère semble bien, en l’état de nos connaissances aujourd’hui, être celle du Livre d’Or de Grasse-Tilly puisque le registre de Long n’existe plus.

Une fois ceci établi, c’est par la prise en considération d’un document rédigé à Charleston (Caroline du Sud) que nous allons faire précéder l’énumération des documents étudiés plus loin. Sa caractéristique essentielle est la suivante : ni sa date, ni son texte, ni le nom de ses auteurs ne prêtent à contestation. Malgré son importance extrême il n’a jamais été publié en France. Il a le mérite d’expliquer longuement ce que ses rédacteurs croyaient savoir de leur propre passé ou, peut-être, ce qu’ils souhaitaient que ses lecteurs croient que ce passé avait été. [12]

Il contient des inexactitudes historiques nombreuses et l’amorce de légendes qui prendront ensuite, au sein du Rite Ecossais Ancien et Accepté, une importance considérable. Mais ces erreurs et ces légendes sont précisément ce qui, pour nous aujourd’hui, en fait un document exceptionnel à la saveur incomparable.


[1] Cet essai est paru dans les numéros 68 (octobre 1986), 69 et 70 (janvier et avril 1987) de Renaissance Traditionnelle sous le titre ‘Le “Bicentenaire” des Grandes Constitutions de 1786 - Essai sur les cinq textes de référence du Rite Ecossais Ancien et Accepté’.

[2] Le sens de cette expression est expliqué plus bas.

[3] Depuis que ces lignes furent écrites, j’ai eu communication de deux photocopies intégrales manuscrites de ces ’Constitutions Secrètes’. Ces manuscrits sont commentés en Appendice.

[4] Renaissance Traditionnelle Nº 59, Juillet 1984.

[5] Il est intéressant de constater que dans le Manuscrit Francken Nº 3 il est écrit : « au grand Orient de Prusse et de France ».

[6] Histoire de la Fondation du Grand Orient de France (18l2), note de la page 15.

[7] Ancient And Accepted Scottish Rite of Freemasonry, pp. 171-174.

[8] Daruty, p. 196.

[9] Daruty, p. 195.

[10] Homan 1905, p. 11.

[11] Chroniques d’Histoire Maçonnique Nº 32, 1er semestre 1984, p. 42.

[12] Cf. Bernheim 1985, p.14 sq.


A lire : 1ere partie : L’apparition des textes - Premières questions Le 10 octobre 1802 le Grand et Suprême Conseil des Très Puissants Souverains, Grands Inspecteurs Généraux se réunissait à Charleston pour prendre en considération une proposition de son Grand Commandeur, John Mitchell : convenait-il d’adresser une Circulaire aux Grandes Loges Symboliques, aux Sublimes Grandes Loges et Grands Conseils répandus sur les deux Hémisphères, leur expliquant l’origine et la nature des grades Sublimes de la Maçonnerie, et leur établissement en Caroline du Sud ?

Eléments trop brefs concernant l’histoire maçonnique américaine Voici terminée l’énumération des textes qui, se fondant sur l’organisation créée par Morin entre 1763 (date de son retour à Saint Domingue) et 1771 (Morin meurt à Kingston au mois de novembre de cette année), tenteront d’améliorer cette organisation pour aboutir au Rite Ecossais Ancien et Accepté en 33 grades tel que nous le connaissons aujourd’hui. Nous voyons ainsi au départ la Patente reçue par Morin en 1761, au centre l’annonce de l’existence d’une organisation en 33 grades à Charleston en 1802. Ce n’est qu’ensuite, de 1812 à 1872, que les textes eux-mêmes seront imprimés. Mais comment expliquer le passage de cette organisation et ses transformations de Saint Domingue à la Caroline du Sud ?

2e partie : l’existence des manuscrits, problèmes résultant de leur comparaison avec les sources imprimées ultérieures. Après avoir énuméré les textes en fonction de leur parution dans des ouvrages imprimés et avoir tenté de situer brièvement le contexte historique dans lequel ils surgirent, nous devons maintenant examiner quelles sont leurs sources manuscrites lorsqu’elles existent encore aujourd’hui.

Le Comte de Saint Laurent et son livre d’Or Description du livre d’or du Comte de Saint Laurent et des documents qu’il contient.

Table Chronologique Table Chronologique des dates liées à Etienne Morin, de 1761 à 1984.



Source : http://www.fm-fr.org/fr/spip.php?rubrique90
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